2021 - Collection en mouvement - Marion Bataillard, Florence-Louise Petetin : bribes de conversation, Châtelus-le-Marcheix

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Bibliothèque

29 bis rue des Deux Ponts
23430 Châtelus-le-Marcheix

Exposition du 5 mai au 29 juin 2021
Vendredi 11 juin à 17h30 : présentation de l’exposition en présence de Florence-Louise Petetin.

1989 PETETIN

Florence-Louise PETETIN
Sans titre, 2006
Huile sur papier, 65 x 50 cm
Collection FRAC-Artothèque Nouvelle-Aquitaine



Bien que de génération différente, Florence Petetin (née en 1967, vit au Dorat) et Marion Bataillard (née en 1983, vit à Paris) ont ceci en commun qu’elles s’adonnent avec assiduité à la peinture figurative, surtout par le biais du paysage pour l’une, et du portrait pour l’autre, en simplifiant à l’extrême. La présentation de plusieurs œuvres plus ou moins récentes de l’une et de l’autre dans la même exposition nous permet de nous confronter à des questions picturales partagées ou sujettes à caution. Depuis leur formation en école d’art à 15 ans de distance jusqu’au choix assidu de la peinture sous des formes et des formats très différents, les deux artistes puisent dans leur vie quotidienne, des paysages traversés, des scènes banales, des personnes côtoyées, et envisagent le travail de la peinture comme une quête spirituelle personnelle qu’elles transmettent par morceaux, par bribes et en fragments, au regardeur patient et attentif.

Le parcours de Florence-Louise Petetin passe par l’Ecole des Beaux-Arts de Paris Cergy où elle travaille le dessin et la peinture à une époque où l’art conceptuel est dominant. Encouragée par Dominique Gauthier – qui lui-même fut formé par Viallat – elle s’adonne très vite à la peinture d’après photographies et au dessin sur le motif. Elle se forme à la gravure et s’installe ensuite à Marseille. Elle explore la peinture à partir de photographies de scènes quotidiennes où se mêlent photos de famille, scènes de tous les jours et portraits floutés. Comme le souligne très justement un critique, « sa peinture ne tient pas seulement à la vue. Elle s’attache à un foisonnement qui cherche à convoquer le réel dans toutes ses dimensions. C’est comme si elle cherchait à rendre la vie…L’œuvre de Florence Petetin trouve toute sa force dans cette oscillation entre le rejet du monde tel qu’il est, l’envie de le recracher ou de le dénoncer, et une immense tendresse pour sa matérialité » (1) Après avoir vécu près de vingt ans à Marseille, avoir voyagé en Inde notamment, mais aussi en Belgique, ou s’être retirée du monde dans les montagnes ou dans des monastères, elle s’est récemment installée au Dorat. Les œuvres sur papier présentées sont peintes à partir de photographies. On note dans les peintures de personnages une mise hors contexte et un effet accentué de cadrage dans la position du corps dans le rectangle de la page. Les paysages brossés sur le papier par des gestes colorés, souples et répétés, donnent la sensation d’un contact étroit avec l’espace. Depuis quelques années, elle se consacre au paysage qui, pour elle, est un espace de projection idéal et illimité, entre l’intérieur et l’extérieur.

L’itinéraire de Marion Bataillard débute à Nantes où elle est née en 1983, se poursuit à Strasbourg où elle entreprend des études à la HEAR, dans l’atelier de Daniel Schlier et de Manfred Sternjakob, et à Leipzig, dans celui de Neo Rauch. Jeune diplômée, elle s’installe d’abord à Berlin, puis à Montluçon, et enfin à Paris où elle est établie depuis 2015. Son travail pictural est basé sur des ressources de proximité et des observations de détails. De nombreuses natures mortes sur très petit format (légumes, animaux, objets) et de réguliers autoportraits émaillent sa recherche picturale. Des scènes rêvées, vaguement mythologiques, des scènes d’atelier – l’artiste au travail – l’ont également amenée à entreprendre des portraits en pied d’amis, de relations, de modèles, d’amants. De cet autoportrait récent intitulé « l’amour du monde », on peut dire qu’il est emblématique de la quête picturale de l’artiste. Le tableau est très précisément composé comme une scène de théâtre. Au tout premier plan, l’artiste à la mine attendrie nous regarde droit dans les yeux, la main sur le cœur. Derrière elle, l’espace immaculé de son nouvel atelier dont le sol est travaillé dans des tons de gris au modelé très subtil. Au fond de la scène et de façon quasi symétrique, une large baie vitrée occupe l’espace en le divisant en cinq parties verticales. A gauche, le drapé longiligne d’un rideau bloque le plan de la fenêtre, tandis qu’à droite, juste derrière la paroi vitrée, on aperçoit un vélo rouge appuyé contre un mur. Derrière cette baie vitrée qui découpe l’espace en deux s’étage un micro paysage détaillé. La cour de l’immeuble se dévoile en plans colorés successifs où se déploie une végétation naissante. La description détaillée de cette peinture dit l’attachement de l’artiste à la composition et à la succession progressive des détails.


Notes :
(1) Jean Poussin in Florence Louise Petetin « Je suis terre et cendre », Ed Al Dante 2014.